Adélia ne supportait plus cette vie, se transformer toutes les trente secondes, souffrir à chaque métamorphose, les profs qui vous poussent à bout et pour finir des étudiants qui n'ont rien dans la tête. Adélia n'en pouvait plus mais malheureusement elle était bloquée dans cet internat car son père refusait de l'envoyer ailleurs, quoi de plus normal pour un père qui ne connait même pas l'âge de sa fille que de refuser de faire des dépenses pour son bien être.

Adélia marchait sans but dans les couloirs croisant des étudiants animaux ou non, des couples et elle frissonna mais passa son chemin. Elle monta un étage et se dirigea vers la bibliothèque. Elle y entra avec fracas et la bibliothécaire la regarda froidement :

-Si c'est pour faire autant de vacarme vous allez dehors mademoiselle."

Adélia n'y prêta pas attention et alla dans les rayonnages faisant semblant de chercher un ouvrage. Elle regardait les titres un à un sans vraiment comprendre mais soudain ses yeux s'arrêtèrent sur un en particulier " Les armes antiques
Elle prit doucement le livre et regarda la couverture, elle resta là debout promenant ses yeux sur les pages sans savoir que ce moment de calme allait être interrompu.

Kanyo sifflotait en se dirigeant vers la bibliothèque. Il était de bonne humeur, aujourd'hui. Comme la plupart du temps d'ailleurs. Il était de bonne humeur, ses devoirs étaient bouclés, et donc il ne lui restait plus qu'à se détendre. Et quoi de mieux pour se détendre que la lecture? Rien. Rien ne le détendait autant, rien ne le transportait autant.

Il salua la bibliothécaire d'un signe de main, et lui demanda, ne connaissant pas encore bien le pensionnat, où se trouvaient les romans de jeunesse. Elle lui indiqua une direction, marmonnant de façon presque inaudible:

_Entre la bruyante et le chanteur...

Il comprit qu'il devrait arrêter de siffler mais se demanda qui était la "bruyante" dont elle parlait. Peut-être -sûrement plutôt- une étudiante qu'il ne connaissait pas. Il prit la direction qui lui avait été indiquée, mais son attention fut distraite, en chemin, par une fille, debout devant une étagère, un livre à la main. Est-ce que c'était d'elle que la dame parlait? Il se dirigea vers elle, souriant, pour faire connaissance:

_Hé, salut! Ravi de te rencontrer. Moi, c'est Kanyo.

L'étudiante parcourait les lignes les une après les autres, captivée et fasciné par tant de savoir réuni dans un même ouvrage. Adélia adorait les armes anciennes tel que les sabres, les poignards et les dagues. plongée dans son monde d'acier et de fer forgé la jeune femme n'entendit ni la porte de la bibliothèque s'ouvrir et ni la bibliothécaire parler à l'étudiant qui était qui venait d'entrer.

_Hé, salut! Ravi de te rencontrer. Moi, c'est Kanyo.

Adélia sursauta et son livre lui échappa des mains et tomba lourdement sur le sol ce qui produit un bruit et la bibliothécaire ne put s'empêcher de leur faire une remarque :

-Faites encore plus de bruit et vous sortez

Au fond d'elle Adelia ricana car elle ignorait totalement à qui elle avait à faire, provoquer une lionne n'était pas du tout conseillé. Son attention se reporta sur l'inconnu qui l'avait salué et une lueur froide traversa ses yeux. Depuis quand les gens la saluait ? Jamais auparavant on avait essayait de parler avec elle, si pardon une fois. Adelia le scruta cherchant à comprendre pourquoi lui avait il adressé la parole, elle était si troublée qu'elle en oublia son livre qui jonché le sol.

Il l'avait surprise, visiblement. Le jeune garçon pouvait comprendre cela. Plongé dans sa lecture, on en oublie vite le monde extérieur, et lui le premier...elle fit tomber son livre à terre ce qui irrita encore la bibliothécaire, décidément elle était sur les nerfs aujourd'hui, ce n'était pas leur veine. Kanyo lança un:

_Désolé, madame.

Puis Kanyo reporta son attention sur la fille en face de lui. Elle devait être deux ou trois classes au-dessus. Et elle semblait un peu déroutée qu'on lui ait adressé la parole. Il ramassa son livre, jeta un coup d’œil à la couverture. Alors comme ça, elle était passionnée par les armes...il lui tendit le livre avec un sourire:

_Tiens.

Il espérait qu'elle daignerait lui parler ensuite. Elle n'avait en effet pas encore dit un mot, et l'adolescent, comme toujours, était curieux, et voulait en apprendre plus sur elle. Et puis, il n'avait pas encore vraiment d'amis, alors pourquoi ne serait-elle pas la première?

Elle ne savait pas elle même ce qu'elle ressentait pourtant son instinct lui dictait de toutes ses forces de tourner les talons et de fuir......fuir, c'était la seule chose qu'elle savait faire, tourner le dos aux gens les éviter et c'était pour Adélia son seul moyen de survivre. Elle avait longtemps vécu dans la froideur son coeur devenant peu à peu de la glace sans sentiments mais ses récentes rencontres lui avaient montré une voie qui pourrait la sortir de cet abysse.

Elle continua de le regarder mais elle ne le dévisageait pas, de nature froide Adélia cherchait simplement à l'écartait d'elle afin de pas avoir à le faire par la parole. Quand il se pencha pour prendre le livre tombé sur le sol la jeune femme voulut en profiter pour s'en aller mais ses jambes refusèrent de faire le moindre geste comme si cet inconnu avait une espèce d'influence et cela la fit paniquer. Sa respiration devint plus rapide mais quand il lui tendit le livre elle plongea son regard dans le sien.
Que lui arrivait elle ? Elle tendit le bras et prit doucement le livre, son geste était tremblant et incertain mais Adélia ne laissa rien paraître :

- Mer.....Merci

Kanyo avait gardé son sourire, peut-être qu'il arriverait au bout d'un moment à finalement lui transmettre sa bonne humeur pour qu'elle se détende et veuille bien parler. Enfin, elle avait parlé, mais juste pour dire merci, et elle semblait avoir hésité, et ce n'était pas ce qu'il entendait par parler. Il lui répondit donc:

_Mais de rien.

Et il la dévisagea. Elle semblait avoir peur. Pourquoi, ça, il ne le savait pas. De plus, il avait remarqué que son bras tremblait quand elle lui avait pris le livre. Il tenta de la mettre en confiance en lui disant:

_Viens, on va s'asseoir à une table.

Cependant avant de partir lui-même s'asseoir, il lui demanda, car elle ne l'avait toujours pas dit, bien que lui ai dit son nom:

_Comment tu t'appelles?

Il espéra que, cette fois, elle le dise.

- A.....Adélia

Pourquoi ?!! Pourquoi lui a t elle dit ?
Adélia ne contrôlait plus rien, jamais auparavant elle n'aurai donné son nom à qui que se soit et encore moins à un inconnu qu'elle n'avait jamais vu. Cependant l'étudiante le devança et alla s'asseoir à la table la plus proche, en quelque sorte elle acceptait son invitation mais indirectement.
Perdue Adélia se comportait de façon totalement différente, en temps normal elle serai déjà partie à l'instant où même il lui avait adressé la parole.
Assise sur sa chaise son livre posé en face d'elle sur la table, Adélia était tendue comme si elle passait un interrogatoire, elle ne savait pas quoi faire ou même dire, c'était la première depuis longtemps qu'elle restait en compagnie de quelqu'un.

La réponse de la jeune fille -d'Adélia donc- était hésitante, tremblante: elle semblait si tendue qu'on aurait dit que Kanyo était sur le point de la tuer. On pouvait l'entendre dans sa voix et, quand elle alla s'asseoir, l'adolescent remarqua ses gestes mécaniques, sa démarche mal assurée...il alla s'asseoir en face d'elle et, toujours souriant, lui dit:

_Bah détends-toi, un peu, j'suis pas sur le point de te couper la tête!

Il l'observa un instant, la dévisageant. Il espérait que cela ne la mette pas mal à l'aise puisque visiblement, la mettre mal à l'aise n'était pas difficile...et Kanyo n'aimait pas mettre les gens mal à l'aise, ce n'est pas pratique pour récolter des informations, pas du tout. Il la dévisagea donc un instant, avant de penser à poser la question suivante. Cependant, il se ravisa. Il ne valait mieux pas le faire tout de suite, elle prendrait ça comme une sorte d'interrogatoire, et ça la mettrait encore plus mal à l'aise. Il se tut donc, lui laissant le soin de parler la prochaine.

Adélia eut un sursaut quand il vint s'asseoir en face d'elle et sentit son regard peser sur elle. C'était tout simplement impossible, jamais elle ne pourra changer c'était trop dur. Elle se leva brusquement de sa chaise et le regarda :

- Je suis désolée

Elle tourna les talons laissant son livre sur la table, *Qu'elle idiote ! Comment ai je pu penser que je pouvais changer ?* se dit elle à elle même. Elle essaya de faire mine de sortir de la bibliothèque mais en réalité elle alla se réfugier dans un coin de lecture près d'une fenêtre. Elle regarda dehors et posa une main sur la vitre froide, elle avait espérait mais cela n'avait pas suffit. Elle se mordit la lèvre car elle s'en voulait de ne pas faire plus d'effort, au fond peut être qu'elle n'était pas faite pour parler avec les autres.

Alors ça, pour une réaction étrange...Kanyo n'eut pas le temps de la retenir. Elle partit et fit mine de sortir de la bibliothèque, sauf que ce qu'elle ne savait pas, c'est que le jeune garçon la suivait. Il ne pouvait pas la laisser partir comme ça, sans raison, alors que justement elle semblait aller mal. Après tout, on ne faisait pas ça à une amie.

Il la vit s'installer près d'une fenêtre, posant la main sur la vitre. Elle semblait triste, comme si elle venait de faire une erreur. Il s'installa à côté d'elle. Il ne savait pas quoi dire puisqu'il ne savait pas pourquoi elle était partie. Il décida donc de le lui demander, il n'avait pas trop le choix.

_Qu'est ce qui t'arrive?

Encore une fois Adélia ne l'entendit pas arriver plongée dans ses pensées et ses remords comme si son comportement allait changer quelque chose. Elle pouvait difficilement faire un trait sur son passé si douloureux et si dur à oublier, elle ferma les yeux et revint plusieurs années en arrière, le sourire de sa mère lui mit du baume au coeur et une larme s'échappa de ses paupières closes.

_Qu'est ce qui t'arrive?

Elle sursauta et se retourna brusquement et le vit là assit derrière comme si de rien n'était et le fixa comme si il venait d'une autre planète. Pourquoi la suivit il ? Tenait il si peu à la vie ?
Elle le détailla doucement essayant de le comprendre mais elle eut du mal :

- Pourquoi me suis tu ?

La réponse n'était-elle pas évidente? Elle s'était enfuie au bout de deux minutes de conversation. Bien sûr qu'il l'avait suivie. Il la scruta, commençant à se demander si elle ne voulait pas simplement être seule. Malheureusement, pour une raison qu'il ne connaissait pas, il ne voulait pas la laisser seule. Évidemment, sa curiosité refaisait surface, une nouvelle fois.

_Pourquoi est-ce que toi, tu es partie comme ça?

Il voulait le savoir; si elle avait un problème il pourrait essayer de le résoudre, et ainsi il la mettrait en confiance, c'était mieux pour qu'elle soit son amie. Encore faudrait-il découvrir le problème qu'elle avait...

Il était obstiné et borné, Adélia sentit le sol chanceler sous ses pieds et décida de s'asseoir. Elle fit mine de pas lui prêter attention mais il occupait ses pensées et ses doutes les plus sombres. Elle regardait toujours dehors mais l'inconnu la mettait mal à l'aise.

- J'ai de bonnes raison

Elle resta aussi froide que possible espérant le faire fuir, elle le garda ses distances et essaya de penser à autre chose. Que lui voulait il ? Elle n'avait pas l'habitude que les gens viennent lui adresser la parole et encore moins cherchaient à rester avec elle.

HRP:

Kanyo s'en voulait d'être aussi obstiné, mais il ne voulait pas abandonner. Il voulait savoir pourquoi elle se sentait si mal à l'aise alors qu'il avait juste voulu faire connaissance avec elle. Il s'assit à côté d'elle et comprit qu'elle n'avait sûrement pas l'habitude que les gens lui parlent. Qu'elle n'avait sûrement pas beaucoup d'amis, et ne voulait pas en avoir. Restait à savoir pourquoi...

_Alors, explique-les moi.

Il ne pouvait pas comprendre. Pourquoi était-elle si froide? Pourquoi persistait-elle à rester cachée derrière une barrière, une muraille d'apparente indifférence alors qu'il voyait bien qu'elle ressentait un malaise et une sorte de tristesse...? Il pouvait comprendre qu'elle ne lui fasse pas confiance, comme elle ne le connaissait pas, mais qu'elle parte comme ça sans même expliquer pourquoi était au-delà de ce que Kanyo pouvait comprendre. Il attendit sa réponse.

Adélia n'arrivait pas à comprendre ou même cerner ses intentions. La jeune étudiante regarda l'inconnu, il etait plus jeune qu'elle et pourtant il l'avait suivie sans la moindre hésitation. Adélia n'y arrivait pas c'était plus fort qu'elle, la moindre présence près d'elle la mettait mal à l'aise. Jamais elle n'aurai penser un jour que quelqu'un fasse attention à elle. Adélia n'aimait pas la compagnie depuis des années et entamer une conversation était tout simplement impensable. Elle le fixa et sans s'en rendre compte plongea son regard dans le sien :

- Je n'ai pas à me justifier devant un gamin. dit elle séchement

Un gamin...ridicule. Il n'avait que deux ans de moins qu'elle, et elle le traitait de gamin. Kanyo ne supportait pas que des gens à peine plus grands que lui le rabaissent pour son âge, mais il resta calme et fit mine de n'avoir rien entendu, ça valait mieux. En restant calme, il avait davantage de chances d'en apprendre sur elle.

En disant ça, l'adolescente l'avait fixé et regardé dans les yeux. Il soutint son regard et la regarda aussi dans les yeux, qui il faut le dire étaient vraiment jolis à voir. Il essaya de discerner quelque chose dans ce regard. Quelque chose d'autre que l'indifférence, voire le mépris qu'elle avait jusqu'alors montré envers lui. Mais en tout cas, si autre chose était présent, elle le cachait bien, puisqu'il ne discernait rien. Il soupira et, continuant de soutenir son regard, lui répondit, ignorant sa phrase précédente:

_Peut-être que si tu m'expliques les problèmes que tu as pour vouloir être aussi fermée, je pourrai t'aider. Ce sera déjà mieux pour toi.

Au delà de devenir son ami, il comprenait désormais une chose: elle avait besoin qu'on la sorte de là. Elle avait besoin de quelqu'un pour la ramener vers les autres, et ce quelqu'un, ce serait lui.

Adélia ne put se retenir davantage et se leva une nouvelle fois mais cette fois elle se planta devant lui et lui fit face. Il était plus jeune serte mais il savait ce qu'il disait, comme s'il savait qu'elle se cachait, qu'elle fuyait le monde entier. Cela la fit frissonner mais elle ne détacha pas ses yeux des siens, ils étaient si expressifs, elle pouvait y voir détermination et .....
Adélia sursauta, il était un félin, tout comme elle. Voilà pourquoi il semblait sentir qu'elle avait besoin d'aide alors qu'elle même l'ignorait. Son pouls s'accéléra et elle ne put détacher son regard du sien.

Adélia était un peu perdue c'est vrai, elle ne savait rien de lui...à si, il s'appelait Kanyo. Elle ne l'avait jamais vu auparavant, quoi de plus normal quand on reste cloîtrée dans sa bulle. Il voulait l'aider et elle le repoussait à chaque fois. Mais pourquoi ? La peur, oui c'est ça, elle avait peur de lui faire du mal si jamais elle acceptait de devenir son amie ou même de lui adresser la parole. Cependant quelque chose persistait à lui faire croire qu'il était différent.

" Personne ne peut m'aider, c'est un fait. Mais merci d'avoir essayer."

Encore une fois elle repoussait l'aide qu'il lui proposait.

Elle avait failli accepter. Kanyo l'avait senti, elle avait failli accepter son aide, mais avait refusé au dernier moment. Elle mentait, et elle mentait mal. Personne ne pouvait l'aider? Si, lui pouvait, il en était persuadé. Il la fixait toujours dans les yeux. Lui aussi finit par comprendre sans le lui avoir demandé, son animal causé par ce virus était un félin. Cela leur ajoutait une raison de pouvoir être amis, et il comprenait son hésitation. Il sentait aussi qu'elle peinait à détacher le regard et en profita pour continuer à la fixer.

Les yeux. Les yeux étaient non seulement les fenêtres de l'âme, mais aussi la vitre, le seul mur qui protégeait l'esprit de l'influence aveugle. Kanyo, dans sa vie de chasseur de réponses, avait appris à sonder les yeux, à protéger les siens, à transmettre à travers eux ce qu'il voulait. Toujours en toute sincérité, bien sûr, sinon, c'était trop repérable. Et ses yeux à elle trahissaient également son hésitation. Oui, c'était ainsi qu'il l'avait deviné en premier: il était près du but, elle voulait accepter. Il lui suffisait d'être lui-même. Têtu. Têtu comme personne. Il hésita puis se décida à le dire à haute voix:

_Tu mens.

Il marqua une pause et reprit:

_Tu mens, je sais que tu réclames de l'aide au fond de toi. Et tu sais qu'on peut te l'apporter. Inutile de le nier...

Il la fixait toujours. Il attendait qu'enfin elle dise la vérité.

La rousse voulut répliquer mais elle se stoppa net en sentant son corps se raidir, ses jambes devinrent douloureuses, une transformation allait pointer le bout de son nez. Elle refusa de prendre la forme d'une lionne devant Kanyo, même si celui ci était un félin, tomber nez à nez avec une lionne n'était pas l'une des choses des plus rassurantes.

Adélia attrapa un stylo et nota son numéro sur la main du gamin avant de lui lancer un dernier regard, il n'avait rien d' agressif au contraire, il s'y dégageait comme un remerciement. Ses cheveux écarlates flottèrent quand elle partit dans un mouvement rapide et disparut de la pièce.
Au fond elle avait envie de le revoir, d'en apprendre plus sur lui et de découvrir pourquoi il voulait l'aider.

La porte de la bibliothèque claqua et se firent entendre, Adélia n'eut pas le temps d'atteindre l'étage des filles que ses muscles se tendirent et sa peau fut recouverte d'une douce fourrure.

Un rugissement retentit dans tout le pensionnat.

FIN DU RP