Anaëlle Marshall ~ "La vraie morale se moque de la morale."
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Sujet: Anaëlle Marshall ~ "La vraie morale se moque de la morale." Jeu 12 Sep - 18:28
Anaëlle Maiden Marshall
carte d'identité
personnage d'anime » Se Lest par Charlie Bowater surnom/s » Ana date de naissance » 23 Septembre âge » 17 ans sexe » Féminin orientation sexuelle » J'vous en pose des questions ?
atteint par le virus ? si oui, quel est son "animal virus" ? » Oui, elle se change en sphénodon. division » Elève de quatrième année interne ou externe » Interne façon de travailler » Elle préfère travailler dans son coin en général, sans les professeurs, mais n'a pas vraiment le choix d'aller en cours, malheureusement.
loisirs » Elle a de nombreux loisirs, comme le paintball avec son frère, ou inventer des choses diverses et variées. Elle a de nombreux projets en cours mais a du mal à es achever à cause d'un certain perfectionnisme. Sinon elle lit beaucoup. phobies » Elle n'a pas vraiment de phobie.
caractère
Anaëlle est une personne singulière, de ceux qui pensent que si, il est tout à fait possible de monter en bas ou de descendre en haut, et qu'il suffit d'appliquer un raisonnement logique pour que tout ce qui existe soit justifiable. Ou presque, car la connerie humaine ne le sera sans doute jamais, et c'est exactement ce qui la laisse la plus perplexe sur terre. Mais soit, ce n'est pas là ce qui la définit, son incompréhension de l'humanité, et le mépris qu'elle ressent pour la plupart de ses congénères face à leur imbécillité latente (quoiqu'à ce niveau là, ça n'est plus de la latence mais bel et bien une présence des plus prononcés qu'elle note). Elle est donc assez différente de la plupart des gens, quand bien même à ses yeux se sont eux qui sont différents d'elle, et non l'inverse. Vous comprendrez donc vite qu'Anaëlle est de ces personnes arrogantes, méprisantes, assez peu appréciés en général. Elle n'aime pas la plupart des gens, qui le lui rendent bien. Et si elle aurait aimé que ça soit différent, elle ne peut pas s'en empêcher, elle n'arrive pas à penser autrement que par la différence qu'elle ressent de leur part, et les détester pour ça. Au point que parfois ça lui fasse peur, qu'elle craigne qu'un jour ce sentiment la domine au point qu'elle aille loin, qu'elle franchisse une ligne qui la séparera de ces gens de manière définitive. Pour cette raison, elle fait preuve d'une certaine fragilité et instabilité, sous le calme apparent qu'elle maintient constamment. En effet, Anaëlle fait toujours preuve de sang-froid, et ne s'énerve que très peu, très rarement, ignorant la plupart du temps ceux qui essayent de la pousser à bout. Elle n'est pas particulièrement rancunière, mais en revanche, si quelqu'un cherche à tester à quel point il peut aller pour lui chercher des ennuis sans craindre de représailles, elle a tendance à poser rapidement des limites lorsque son frère n'est pas là pour le faire à sa place. Et bien souvent, il vaut mieux se prendre un coup de Timothy que subir l'un de ceux d'Anaëlle. Souvent seule, elle est solitaire, et l'a toujours été d'aussi loin qu'elle se souvienne, renforçant encore son sentiment d'incompréhension et son mépris vis-à-vis des gens qu'elle juge inaptes à la comprendre. Et cette solitude a été renforcée par son anémie qui l'a poussé à souvent louper des cours, ou des événements sociaux. Sa maladie est assez sévère et les symptômes de celle-ci chez elle sont assez présents, lui causant souvent des problèmes à cause de contre-coups assez sévères. Il n'est pas rare qu'elle se retrouve clouée au lit, bien que cela se concentre principalement sur sa mauvaise période du mois. Elle est donc très précautionneuse et se force rarement à faire des efforts physique, se ménageant assez. Ca ne l'empêche pas pour autant de vivre et de sortir, bien évidemment, surtout dans la mesure où son frère fait en sorte qu'elle puisse avoir un minimum d'interaction avec l'extérieur, particulièrement conscient des difficultés qu'elle peut éprouver par rapport aux personnes extérieures à la famille. C'est d'ailleurs grâce à lui qu'elle a pu rencontrer Kathleen, ou même connaître une certaine popularité dans son lycée, à Edimbourg, au cours des six mois qu'elle a pu y passer. Anaëlle a souvent du mal à se laisser aller avec les gens, aimant exercer un contrôle sur ce qui l'entoure assez extrême, et craignant particulièrement qu'une situation lui échappe. Elle agit rarement sur un coup de tête, bien que souvent on puisse en avoir l'impression, le fait étant qu'elle réfléchit assez rapidement pour donner cette sensation. Elle prend ses décisions sans grande difficulté, pesant les pour et les contres. Ca n'a pas toujours été le cas d'ailleurs, et elle a longtemps éprouvé les plus grandes difficultés à faire ses choix, même les plus basiques. D'ailleurs, il n'est pas rare que cela lui arrive encore, notamment lorsqu'elle se retrouve face à des cas où la logique ne peut pas s'appliquer, ou qu'il s'agit de choses basiques et qu'elle juge sans importance, comme par exemple savoir si elle fera des pattes ou du riz à manger. D'ailleurs, sur ce point là, elle réglera souvent la situation par un évitement, toujours avec l'exemple cité précédemment, en sautant directement le repas pour ne pas avoir à prendre une décision qu'elle regretterait. Intuitive, elle s'adapte assez facilement à tout type de situation, et aime d'ailleurs expérimenter, essayer des choses. Elle n'aime pas se reposer sur les connaissances d'autrui, sauf si celles-ci sont amenées avec beaucoup de précision, et se pose souvent des questions existentielles pouvant sembler complètement tirées par les cheveux mais qui sont pour elle de vrais problèmes à résoudre. Elle éprouve régulièrement un sentiment d'insatisfaction vis-à-vis de sa situation, d'ailleurs, ayant l'impression de connaître un retard considérable par rapport à ce qu'elle aurait dû être à l'heure actuelle, comme si son potentiel avait été perdu dans le temps. A 18 ans, à ses yeux, elle aurait déjà dû avoir fini ses études, et permis au domaine de la physique des avancées drastiques, comme si au final elle n'était parvenue à rien de sa vie, alors même qu'elle a encore tout à vivre. Elle n'en veut pas à ses parents pour ça d'ailleurs, qui l'ont poussés à rester avec des gens de son âge alors même qu'elle ne parvenait pas à les comprendre, ni même à leur trouver un quelconque intérêt, préférant bien souvent la compagnie des amis de son frère qui lui-même passait plus de temps avec des personnes plus âgées que lui. Elle a souvent été protégée par ces personnes, et éprouve d'ailleurs depuis son arrivée aux Etats-Unis un sentiment d'isolement très profond, et d'insécurité par rapport à l'extérieur, n'arrivant que peu à renouer avec des personnes ayant la capacité à la protéger, et n'osant plus faire confiance afin de ne pas perdre du temps à nouer des liens qu'elle sait perdus par avance puisque rien n'est éternel. Adepte du contrôle comme je l'ai déjà dit, elle a développé au cours du temps de nombreuses manies et habitudes dont elle n'arrive pas à se débarrasser, et dont elle n'a pas envie de se débarrasser de toute façon, et qui bien souvent peuvent paraître totalement folles aux regard d'un observateur externe. Ca se ressent plus particulièrement dans sa façon d'organiser son environnement, et un seul regard dans sa chambre en dit long sur ce fait, par rapport à son organisation particulière. Sa façon de ranger ses livres, par exemple, puisqu'au lieu de simplement se baser sur un rangement reprenant l'alphabet, elle va le faire d'abord par nombre de caractère dans les titres, puis par thème, et seulement venait l'ordre alphabétique. Le tout dans une logique bien à elle. Toujours dans cette idée de contrôle, Anaëlle est une excellente manipulatrice, et n'a aucun mal à donner l'illusion de l'intérêt, mais bien souvent elle n'en voit pas l'intérêt. Mais il peut lui arriver de vouloir s'amuser des gens, ou bien d'avoir besoin de leur aide, auquel cas elle n'hésite pas à s'employer à la manipulation. En général elle aura plutôt tendance à adopter une attitude assez peu civilisée visant à éviter l'ennuie de la médiocrité constante de ceux qui l'entourent. Assez paradoxalement, elle apprécie les plaisirs simples de la vie, tout en aimant profiter des choses les plus complexes pouvant l'entourer, et il n'est pas rare de la voir jouer au chimiste. Elle aime beaucoup s'amuser à créer des choses, et est d'ailleurs assez touche à tout, s'intéressant à de nombreux domaines, bien qu'elle ressente une attirance toute particulière pour la physique et la chimie. Mais de temps en temps, entre deux explosions dans le jardin, la fabrication de savon en amont, elle aime beaucoup faire de l'origami, ou encore jouer au go. Elle éprouve un certain mépris des échecs, qu'elle juge ennuyeux et rébarbatif, bien qu'elle fasse preuve d'un talent certain dans ce jeu, s'y étant beaucoup intéressé lorsqu'elle avait un peu moins d'une dizaine d'année, avant de comprendre qu'il s'agissait d'un jeu bien limité dans son nombre de combinaison de coups. Raison pour laquelle elle préfère le go, qui est un jeu à la simplicité déconcertante, tout en alliant la finesse de la logique, l'imagination et la stratégie dans un cocktail inimitable à ses yeux. Elle déplore d'ailleurs le peu d'engouement face à ce jeu aux saveurs complexes dans les pays anglophones, mais s'en accommode très bien. Ceci dit, elle n'a pas la fibre artistique, et si elle sait apprécier de la bonne musique (et complote toujours pour que Justin Bieber s'étouffe dans son propre vomis), elle se montre incapable de faire preuve du moindre talent quand il s'agit de jouer elle-même.
physique
Anaëlle est fine et élancée, étant d'ailleurs plutôt grande. Malgré sa taille, elle donne l'impression qu'on pourrait la briser d'un simple geste, et il est vrai que ça ne m'étonnerait pas qu'il suffise de la pousser un peu fort pour la tuer. D'ailleurs, le sport, c'est pas vraiment son truc,et la seule chose qui la pousse à en faire, c'est son frère qui la traîne régulièrement faire du paintball, entre autre. Et en cours alors ? Elle n'en fait pas non plus, elle est dispensée de sport à l'année à cause de son anémie. Anémie qui peut assez facilement se repérer pour un œil un peu entraîné. Car Anaëlle est bien pâle, et ce n'est pas lié qu'à son manque d'exposition à la lumière du jour. Ses lèves sont également assez peu colorés, et pour pallier à ce manque elle a tendance à mettre un rouge à lèvre assez discret pour ne pas donner l'impression qu'elle va mourir dans les dix minutes qui suivent. Néanmoins, son visage reste assez harmonieux, entouré par ses cheveux noirs qui ont tendance à boucler au gré de leurs envies, à la forme ovale et équipé comme tout visage d'un nez, de deux yeux et d'une bouche qui a déjà été évoquée plus haut. Ses yeux sont d'un bleu assez remarquable, particulièrement concentré, et des tâches de rousseur parsèment ses joues qui manquent toujours un peu de couleur. Assez complexée sur son corps qui manque de formes, certaines filles tueraient pourtant pour être aussi mince qu'elle, là où elle aimerait bien prendre un peu de poids. Idée qu'elle a rapidement oublié étant donné l'appétit tout relatif dont elle fait généralement preuve. Assez peu expansive, ça se remarque dans son attitude générale. Elle garde souvent ses mains enfoncés dans ses poches, les épaules relevées et la tête enfoncée un peu dedans quand il s'agit de rester debout. Assise, elle a tendance à choisir des positions plus étranges. Pas toujours très à l'aise socialement, ça se sent, et on voit assez facilement qu'elle est sur la défensive. Pour ses habits, sa tenue de prédilection se résume souvent à un short et un grand t-shirt parfois un peu difforme, souvent trop grand pour elle car emprunté à son aîné.
préférences
Anaëlle aime et déteste beaucoup de choses. Elle aime que les choses aillent dans son sens en général, n'appréciant pas particulièrement d'être contrariée. Elle aime réfléchir, pour le plaisir de le faire, oui oui, ça existe les gens comme ça. Elle aime lire, également. La physique est un peu sa chose aussi, que ça soit la physique théorique ou appliquée. De même, elle aime beaucoup la chimie. Et les maths aussi. Elle aime bien les matières scientifiques en général. Elle est un peu touche à tout et aime apprendre des choses, même inutiles. Curieuse de nature, elle aime comprendre ce qui l'entoure. En revanche, elle n'est pas très friande des rapports humains, souvent trop imprévisibles à ses yeux. Elle n'aime pas parler français, ayant un accent des plus aléatoires, même si elle s'améliore avec le temps. Elle n'est pas particulièrement douée pour parler d'autres langues que la sienne, même si elle peut lire l'allemand et le français sans soucis, et qu'elle apprend actuellement l'espagnol. Elle n'aime pas avoir tort, sinon.
Et toi derrière l'écran, t'es qui ? :3
je suis ...
surnom/s | prénom » Sylence date de naissance | âge » 20 ans
comment es-tu arrivé sur le forum ? » J'y étais déjà, je change juste de perso comment le trouves-tu ? » Voir fiche précédente tu aimes les cookies ? » Of course :3 un p'tit mot pour la fin ? » /o/
Dernière édition par Anaëlle Marshall le Jeu 12 Sep - 19:06, édité 3 fois
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Sujet: Re: Anaëlle Marshall ~ "La vraie morale se moque de la morale." Jeu 12 Sep - 18:29
histoire
Ce matin là, Anaëlle avait dit qu'elle ne voulait pas aller à l'école. Elle avait dit qu'elle était fatiguée, et qu'elle ne se sentait pas bien. Mais elle ne l'avait pas écouté, car ce n'était pas la première fois qu'elle utilisait cette excuse, et qu'à ce stade là, ça ne pouvait qu'être ça. Car malgré la fatigue qu'elle disait ressentir, elle dormait bien, beaucoup, et ne pouvait qu'être reposée. Et puis le médecin qui était venu, deux jours plus tôt, à cause de ça avait dit que ce n'était sans doute rien, alors elle l'avait cru, n'ayant aucune autorité médicale pour sa part. Il avait conseillé du repos pendant un jour ou deux, et dit qu'elle pourrait retourner à l'école ensuite. Que ça irait bien, normalement. Deirdre avait bien sûr d'autres raisons de croire que sa fille jouait la comédie. La maîtresse lui avait parlé d'un petit garçon qui l'embêtait parfois, et qui lui tirait les cheveux. Et Anaëlle n'osait pas se défendre, alors il continuait. Normalement, Timothy aurait dû protéger sa petite sœur, mais il semblerait qu'il n'ait pas remarqué le manège qui se passait dans la cours, et sa cadette semblait ne pas oser aller se plaindre. Par crainte peut-être de représailles, ou de voir les autres enfants s'éloigner encore plus d'elles. Parce qu'elle n'avait pas beaucoup d'amis, la petite Ana. Elle ne s'entendait pas vraiment avec les autres enfants, elle ne les comprenait pas tout à fait. Et eux ne semblaient pas plus la comprendre. Du coup, elle restait avec son frère, ou bien toute seule quand les amis de celui-ci en avaient assez d'avoir la gosse dans les pattes. Et puis elle s'ennuyait beaucoup en classe, aussi. Elle trouvait tout trop facile, et n'arrivait pas à comprendre pourquoi les choses n'allaient pas plus vite, pourquoi on ne leur donnait pas plus de choses à faire. Elle passait sans doute plus de temps à regarder par la fenêtre en classe qu'à s'occuper de son cahier, et de ses livres d'exercices déjà tous complétés. Alors pour la mère des deux enfants, ce n'était jamais qu'un moyen pour sa fille d'éviter de se faire embêter par ce garçon, ou par les autres élèves parfois, et de se retrouver encore toute seule. Parce qu'au moins à la maison, elle pouvait s'occuper comme elle le voulait, et elle ne se faisait pas embêter. Elle était tranquille. Deirdre avait donc choisi d'envoyer Anaëlle à l'école ce jour là, puis elle s'était rendue à l'Université d'Edimbourg pour y dispenser ses cours, comme elle le faisait habituellement.
Et puis elle avait reçu cet appel, dans son bureau, en début d'après-midi. Elle décrocha négligemment, alors qu'elle remplissait sa sacoche de papiers pour sa conférence qui arrivait. « Oui, à qui ais-je l'honneur ? Hé bien... Hum... Merci d'avoir prévenu, je vais devoir vous laisser. » La main tremblante, elle raccrocha rapidement, avant de décrocher à nouveau. Composant un nouveau numéro, elle attendit peu de temps avant d'entendre quelqu'un décrocher à l'autre bout. « Bonjour, je voudrais parler à l'agent Marshall, ici Deirdre Marshall, sa femme. Très bien. Oui. Dites-lui de me retrouver dès que possible au Sick Kids. Merci beaucoup, au revoir. » Elle pose à nouveau le combiné, et lance sa sacoche dans le tiroir de son bureau, avant de prendre son sac à main et de quitter la pièce d'un pas rapide.
Très calme en apparence, on pouvait malgré tout noter les doigts qui tapotaient régulièrement le cuir du volant de la voiture. Le feu changea de couleur, et elle avança, toujours en respectant les limitations de vitesse. Inutile de provoquer un accident, malgré l'inquiétude qui la rongeait. Elle arriva finalement en un bout à l'hôpital, se gara, et se précipita à l'intérieur, jusqu'au comptoir de l'accueil.
« Bonjour, que puis-je faire pour vous ? - Je suis la mère d'Anaëlle Marshall, elle a été admise ici il y a peu. - Attendez un instant, je vous confirme ça... » La femme compulsa des papiers qui se trouvaient sous le comptoir, cherchant du regard le nom qu'on venait de lui donner, avant de tomber dessus et de relever son regard sur la femme qui se tenait devant elle. « Il y a bien une Anaëlle Marshall. Le Dr. Hamilton viendra vous voir dès qu'il aura fini, installez-vous en salle d'attente. »
Deirdre hoche la tête et remercie la femme, se dirigeant vers la salle d'attente comme indiqué. Elle s'installa dans un siège, le dos droit, le visage tendu par l'inquiétude. Elle aurait dû rester avec Anaëlle à la maison aujourd'hui, la laisser se reposer. Ca aurait évité ces problèmes. Quoique ça n'aurait peut-être rien changé au final. Et pourtant, elle ne pouvait pas s'empêcher de sentir cette pointe de culpabilité, comme si c'était sa faute à elle seule. Comme si elle aurait pu changer quoi que ce soit au cours des choses. Le temps d'attente fut plutôt long, et entre temps son mari l'avait rejointe, inquiet également. Il avait été prendre Eoghan à la sortie de l'école pour le confier à des amis de la famille, en attendant de pouvoir en savoir plus. Il ne voulait pas alarmer le petit inutilement, pour le moment, comme il ne savait pas de quoi il retournait exactement. Même s'il savait qu'il avait sans doute senti que quelque chose n'allait pas. La preuve en était qu'il était resté plutôt calme durant le peu de temps que son père avait pu le voir, chose assez rare pour être notée. Finalement, le médecin vint les trouver.
« Mr. Et Mrs. Marshall ? Je suis le Dr. Hamilton. » Il marqua une pause pour serrer la main des deux parents, en leur donnant un court sourire. « Je tiens à vous rassurer dans un premier temps, Anaëlle va bien, nous sommes intervenus à temps. - Qu'est-ce qu'elle a, doc' ? - Hé bien, j'allais y venir, justement. Nous pensons qu'il s'agit d'une anémie. Nous ne savons pas encore sous quelle forme exactement, et nous allons devoir la garder ici jusqu'à ce que les examens nous apportent les réponses nécessaires pour amorcer un traitement. - Est-ce que... ce n'est pas grave, n'est-ce pas ? L'anémie se soigne facilement ? » L'homme hésita un instant, avant de poursuivre doucement, l'air un peu désolé. Il passa sa main dans ses cheveux, face aux deux parents inquiets, avant de poursuivre. « Ca dépend de ce qu'on trouve. Il n'existe pas une seule anémie, malheureusement. Très peu sont réellement graves, mais certaines peuvent l'être. Après, il existe des traitements pour l'éliminer totalement, ou au moins palier aux manques que la maladie peut créer dans une certaine mesure. Néanmoins, toutes ne sont pas aussi bien connues ni soignées. Dans tous les cas nous feront de notre mieux. » Deirdre hocha la tête, alors que Seonaidh passa son bras sur son épaule, en geste de réconfort. « Nous pouvons la voir ? - Bien sûr, suivez-moi. »
Ils avancèrent dans les couloirs blancs de l'hôpital, d'un pas plutôt rapide, arrivant devant une porte que le docteur poussa. Les deux parents entrèrent, et après un rapide coup d'oeil à sa montre, il fit un bref sourire contrit. « Les visites se terminent dans une demi-heure, mais prenez votre temps. Une infirmière viendra vous prévenir quand vous dvrez quitter les lieux. Il faudrait que vous passiez à l'accueil pour signer quelques papiers, aussi, en partant. - D'accord, merci. » L'homme quitta la pièce en fermant la porte derrière lui, laissant les deux parents seuls avec l'enfant.
« Mommy... Am I gonna die ?. » La question avait été lâché comme ça, alors que les deux billes bleus fixaient la femme à côté du lit, humides de larmes qui refusaient de couler. Sous les draps blancs de l'hôpital, une toute jeune enfant attendait une réponse à la question sortie de nul part. Son état s'était stabilisé grâce aux médecins qui avaient rapidement compris de quoi il s'agissait. La main de la femme qui se tenait à ses côtés vint caresser sa joue, après qu'elle ait remis une mèche de cheveux noirs derrière son oreille. Elle vint déposer un baiser sur son front. « No, of course not sweetheart. Everythin' gonna be alright. Don't worry. - I don't want to die mommy... - I ken... It's okay, everythin' will be fine. » Pourtant, dans ses entrailles, elle sentait toujours cette inquiétude, alors que l'enfant fermait les yeux un instant. Le regard de Deirdre dériva sur les fils qui reliaient sa fille aux appareils qui indiquaient ses constantes, puis à ceux menant à une bouteille d'air saturée en oxygène, pour lui permettre d'être mieux alimenté en cette composante vitale. Deirdre se pencha sur le lit d'Anaëlle, et vint la serrer dans ses bras. Elle craignait pour la vie de sa fille, et avait pour seul espoir que tout aille pour le mieux.
« Comment ça, la greffe n'a pas prise ? Vous aviez pourtant affirmé que les chances que ça échoue étaient assez minces pour pouvoir espérer. - Il arrive que les greffes ne prennent pas, même sur des sujets jeunes, madame. Avec notre niveau de technologie, il est difficile de garantir que la moëlle osseuse soit complètement absorbée. Même dans la mesure où votre fille est AB+, c'est à dire receveuse universelle. - ... Que pouvons-nous faire ? Je... » Le médecin poussa un long soupir, voyant bien que Deirdre était sur le point de craquer. Il posa une main qui se voulait rassurante sur son épaule, alors qu'elle cachait son visage derrière ses doigts pour contrôler ses émotions. « Ne vous en faites pas, madame, il existe des traitements palliatifs. Ils devraient pouvoir forcer sa moëlle à produire plus de globules rouges et lui permettre de transporter plus d'oxygène. Etant donné le niveau de gravité de son anémie, ça ne sera pas suffisant pour rayer tous les symptômes, et il sera sans doute nécessaire de procéder à des transfusions. Ca sera encore plus vrai une fois arrivée à la puberté. Mais ce n'est rien qu'elle ne puisse supporter, bien qu'il s'agira d'un traitement à vie, si elle ne peut pas accéder à une nouvelle greffe par la suite. » Elle releva sur le médecin un regard inquiet. C'était donc tout ce qu'ils pouvaient faire ? Un traitement palliatif... Elle hocha doucement la tête, et se reprit. Elle se redressa, puis tourna son regard vers sa fille qui dormait dans le lit à côté, la sueur perlant sur son front alors qu'elle était plus pâle que jamais. La fièvre l'avait littéralement dévorée plus tôt, lorsque son corps avait rejeté la greffe. Et Seonaidh qui n'était même pas là... Elle ferma les yeux quelques secondes. « Bien. Merci, docteur. - C'est normal. Je vous ferais une ordonnance pour sa sortie dans une semaine. Ca sera difficile au début de prendre le pas, mais je pense que tout se passera bien ensuite. Il faudra être courageuse, pour elle. Bon, je dois vous laisser. Bon courage. »
Le médecin se retira, et à nouveau le regard de la mère alla s'égarer sur le corps de son enfant. Avec toute la peine du monde inscrite au fond du regard, elle alla s'asseoir dans le fauteuil au coin de la chambre, veillant sur Anaëlle comme elle savait qu'elle le ferait toute sa vie.
***
« C'est comme le chat de Schrödinger, en fait. - Comment ça ? »
Anaëlle marqua une pause, suspendant le pinceau au dessus de la peau de Kathleen. La dos pâle de la blonde était couvert de traits noirs, d'arabesques fantasques et de formes diverses. Allongée dans le lit, l'adolescente se tenait au dessus d'elle, assise au creux de ses reins avec une main appuyée juste devant elle, sur le derme clair de son amie. Elle réfléchissait à un moyen de rendre ce qu'elle voulait dire compréhensible, mais avait du mal. Et elle savait que Kathleen n'était pas familière avec ce concept. Mais c'était le premier qui lui était venu en tête dans la discussion qu'elles avaient. Après un instant d'hésitation, elle reprit son travail d'artiste avec un léger sourire alors que les mots se formaient dans sa bouche.
« Si tu mets un chat dans une boîte, avec un gaz toxique qui se libère sous certaines conditions, tu n'as aucun moyen de savoir s'il est mort ou non. Il se trouve dans un état quantique de non vie et de non mort. Tu ne peux simplement pas savoir, à moins d'ouvrir la boîte. C'est ça, le chat de Schrödinger. - C'est pas sympa pour le chat. - Je sais. Mais les scientifiques sont rarement sympa, je crois. Fou, sans doute, mais pas sympa. »
Toutes deux lâchèrent un rire, forçant la brune à relever le pinceau pour ne pas faire une rature sur le dos de celle qui se trouvait sous elle. Ceci passé, elle alla tremper l'outil dans la peinture qui se trouvait sur la table de nuit un peu plus haut par rapport à elle. Un fin rayon de soleil venait frapper à travers une interstice des rideaux le liquide nécessaire à son activité. Seul éclairage dans la pièce, celle-ci était plongée dans une sorte de pénombre, et Anaëlle devait forcer un peu sur ses yeux pour voir plus exactement ce qu'elle faisait à la blonde et ne pas se rater. Pas qu'elle le verrait, mais l'Ecossaise ne se gênerait pas pour se moquer d'elle, alors autant éviter.
« Et qu'est-ce que ça a à voir avec ce dont on parlait ? » Reprenant à nouveau sa tâche, l'adolescente en fit de même pour ses explication, un léger sourire sur les lèvres. « J'y viens. » Elle se concentra encore un peu puis finit par laisser venir la réponse à sa question. « Je pense que c'est un peu comme ce fameux chat parce que... au final, tu ne peux jamais vraiment savoir. Les choses changent constamment, évoluent, et arrivé à un certain point, le seul moyen d'avoir une réponse, c'est de soulever la boîte, et de voir ce que tu vas y trouver. » Anaëlle ne le vit pas, mais elle pu sentir que Kathleen venait de lever les yeux au ciel. Elle commençait à bien la connaître, maintenant. Ca faisait déjà quatre mois qu'elles se parlaient quasiment constamment, se voyaient au moins deux fois par semaines... Les choses étaient allées vites. Et puis la conversation était finalement venue sur le tapis. Elle ne savait plus trop comment. Mais elle savait que ça devait plus ou moins arriver un jour, et il était vrai que ce moment là était particulièrement propice. « Il faut toujours que tu fasses ce genre d'analogie, pas vrai ? - Si elle ne te satisfait pas, c'est la même chose. Et puis je la trouve plutôt claire, moi. - Oh. » Kathleen remua sous Anaëlle, qui se souleva un peu pour la laisser bouger et se mettre plus à l'aise. Sauf que ce n'était pas tout à fait ça. La blonde avait apparemment décidé de se retourner, faisant face à la jeune fille au dessus d'elle pour la regarder, un sourire éclatant aux lèvres qui désarma la brune comme rarement, au point qu'elle oublia de protester contre cette manœuvre qui allait salir les draps. Cette dernière essaya de fuir le regard en baissant le sien, et tomba sur sa poitrine fièrement découverte, ce qui eut le don de la faire rougir fortement, agrandissant le sourire de son aînée. « Je vois parfaitement ce que tu veux dire. C'est juste que tu as encore trouvé un moyen compliqué de dire les choses alors que ça pourrait être si simple... »
Anaëlle la sentit se redresser sous elle, et rapidement elle sentit son souffle sur sa peau, sur ses lèvres. Elle sentait aussi que son cœur s'emballait, et elle savait exactement pourquoi. Elle le savait si bien qu'elle ne résista pas lorsqu'elle sentit la main sous son menton lui redresser à peine le visage, et qu'elle se laissa aller à fermer les yeux pour mieux sentir la respiration la caresser. C'était tout ce qu'elle attendait pour venir emprisonner les lèvres de la brune contre les siennes. C'était un baiser chaste, simple, mais terriblement émouvant pour l'adolescente qui était peu habituée à un tel degré d'intimité. Lorsque Kathleen se recula, elle refusa de rompre cet instant et la suivit dans son mouvement, revenant chercher la chair tentatrice pour s'en abreuver avec une avidité nouvelle.
Ce jour là, Anaëlle avait treize ans. Et si à treize ans, rien n'est encore joué, elle avait alors l'impression à cet instant que ce qu'elle ressentait pour Kathleen ne changerait jamais. Qu'à partir de ce jour, elle n'aurait pas à s'inquiéter de savoir si oui ou non elle aurait quelqu'un à ses côtés dans l'avenir. Que plus rien ne lui manquerait jamais. Et elle n'avait jamais eu aussi tort de toute sa vie.
***
« Même si vous le vouliez, vous ne pourriez pas comprendre.
Le regard froid d'azur était braqué sur l'homme face à la jeune femme. Il s'agissait d'une psychologue désignée pour assurer son suivit après ce qu'elle avait fait. Renvoyée de son lycée, il ne lui restait plus que quelques mois à passer ici. Ce n'était rien. Une poignée d'heures, de jours. Et puis elle pourrait être à nouveau en paix. Assise, les bras croisée, la femme se défit de ses lunettes tout en observant l'adolescente face à elle. En dernière année de lycée, elle avait passé le plus clair de son temps à ne pas aller en cours, se servant de sa maladie d'un prétexte, avant de redevenir une élève assidue. Et pus elle avait de nouveau chuté depuis les événements qui lui étaient récemment arrivés. Et comment cela aurait-il pu en être autrement ? Les professeurs s'étaient montrés indulgents, dans la mesure du possible, connaissant sa situation. Puis elle avait dépassé les bornes. Elle était allée trop loin.
« Je n'ai jamais dit que je le pouvais. Mais ce n'est pas en te murant dans le silence que les choses iront mieux. - Ce n'est pas en me disant comment aller mieux que ça marchera. »
Restant calme, la femme face à elle se redressa, essayant de ne pas laisser paraître l'espèce de malaise qui la saisissait alors qu'elle l'observait, comme si elle avait pu lire en elle comme dans un livre ouvert. L'adolescente donnait souvent cette impression, que le monde n'était qu'un terrain de jeu pour elle et qu'elle pouvait faire fléchir les règles comme de rien. Mais c'était loin d'être le cas, évidemment, car si sa compréhension restait meilleure que celle de la plupart des gens, elle n'en restait pas moins un être humain. Un silence s'installa, gênant, et finalement la jeune femme poussa un soupir avant de relever les yeux sur celle face à elle, qui semblait attendre quelque chose qui ne venait pas.
« Vous voulez savoir pourquoi j'ai fait ça ? Pourquoi j'ai vraiment fait ça ? » Un sourire se dessina sur ses lèvres carmines alors que l'attention de la psychologue était des plus présentes. Mais malgré ce sourire, elle ne parvenait pas à se sentir rassurée. Il y avait dans les traits de son visage cette marque inquiétante de la folie, de la perte de repère. Elle se pencha en avant sur le bureau, pour mettre celle face à elle dans la confidence de ce qu'elle allait dire, murmurant plus que disant les mots qui suivirent. « Parce que c'est drôle. Tout simplement. »
Drôle n'était pas le terme qu'aurait choisi la psychologue, il fallait bien l'avouer. Un frisson la parcourut, alors qu'Anaëlle se laissa aller en arrière, contre le dossier de son fauteuil, toujours un fin rictus aux lèvres.
« Donc tu trouves amusant de manquer de faire exploser la salle de chimie où se trouvait une classe, dont toi, et l'un de tes professeurs ? - Vous ne saviez pas que l'oxygène en trop grande quantité avait des propriétés euphorisantes ? »
Elle haussa les épaules. Ca n'aurait pas explosé, comme elle le disait. Elle exagérait. Ce n'était pas du gaz qu'elle avait laissé se répandre dans la salle, mais de l'oxygène. La flamme aurait simplement été si intense que ça aurait peut-être un peu cramé les sourcils de leurs professeurs, tout au plus. Bon, d'accord, en jouant de malchance, il aurait pu finir brûlé vif. Mais c'était les risques du métier, elle n'y pouvait rien. Et puis de toute façon, ils n'avaient rien pour prouver que c'était elle la « coupable » de cette affaire. De fait ils n'avaient rien pu faire contre elle, à part lui infliger un renvoi préventif. De toute façon, ça ne servirait à rien, elle partait bientôt et avait largement assez d'avance pour pouvoir se permettre de louper les trois prochains mois de cours sans que ça la gêne. Bah, ça n'avait pas d'importance, après tout. Maintenant, elle n'avait plus qu'à rester silencieuse et attendre que tout ça passe. Et ensuite... Elle partirait pour les Etats-Unis.
***
« … Bordel... J'en ai fait quoi encore... ? Grmbl... » Se redressant, Anaëlle se releva. Elle se dirigea vers la porte de sa chambre, et, se tenant à la chambranle, elle passa la tête dans le couloir. « M'maaaaaaaan ! J'ai mis où mes carnets ?! - Je ne sais pas ma chérie, là où tu les as rangés ! » Evidemment. Ca allait trop l'aider, pour le coup. Comme si elle n'avait pas pu le deviner elle-même. Grunt. Où elle avait pu les ranger... Elle savait que c'était dans un carton. Mais lequel... Bordel, y'avait que ça ici en plus ! Des fucking cartons ! Faut dire, c'était normal pour un déménagement. Bon... Revenant à sa chambre, elle observa autour d'elle. Ses habits étaient en place. La plupart de ses livres aussi, recouvrant tout un pan de mur, entassés en colonne. Sa mère avait voulu qu'elle s'en débarrasse, mais elle s'y était farouchement opposée. Personne ne touche à ses livres. Sauf elle. Poussant un profond soupir, elle quitta la pièce à coucher et slaloma dans le couloir jusqu'aux escaliers. Sa main vint agripper la rampe fermement, pour ne pas tomber. Ca lui était déjà arrivé plus d'une fois, et si elle pouvait l'éviter, autant le faire. Descendant les marches avec prudence, elle arriva en bas sans encombre et se dirigea jusqu'au futur salon, ensevelit sous les cartons. Elle s'approcha d'une pile pour les examiner un à un. Non, pas celui-là... Celui-là non plus... Retenant un grognement, elle passa à la pile suivante. Jusqu'à le trouver. Aaaah, le voilà. Le carton l'attendait tout en haut d'une pile, sans rien écrit dessus. Forcément, les déménageurs n'avaient pas pu le monter du coup. Il avait dû échapper à sa vigilance lors du passage au marqueur. S'en saisissant, elle entreprit de le monter jusqu'à sa chambre. Mais tout le monde n'était pas de cet avis, puisqu'un homme, immense, l'arrêta, s'interposant entre elle et l'escalier, la faisant encore ronchonner.
« P'pa... Tu me bloques le chemin, j'ai besoin de passer. - Allons ma fille ! Viens par ici, je vais t'aider à monter ce carton ! - … P'pa... J'ai plus cinq ans tu sais ? J'peux le monter toute seule. - Pas de non qui tienne, laisse-moi faire Ana. Tu sais que c'est plus prudent. »
L'homme prit le carton entre ses bras et le souleva comme de rien, commençant à grimper les escaliers, suivit par la jeune femme qui s'était trouvée obligée de capituler. Raaaah, elle se vengerait. C'est vrai quoi, elle n'était pas une faible femme sans défense non plus, elle pouvait encore porter un carton jusqu'à sa chambre sans en mourir. Mais non, il fallait toujours qu'il y en ait un pour venir l'aider. Qu'est-ce que ça pouvait l'agacer. Enfin bon. Ils arrivèrent en haut des escaliers rapidement, puis atteignirent la chambre. Le père d'Anaëlle déposa le carton sur son lit, et commença à quitter la pièce quand elle le rappela.
« Au fait P'pa, Timmy arrive quand ? - Dans une semaine. - D'accord... - Ne t'en fais pas, tout se passera bien ici. - Ouais, t'as sans doute raison. Merci pour le carton.
Poussant un soupir, Anaëlle s'avança jusqu'à son carton pour l'ouvrir et commencer à fouiller dedans.
***
Se tenant dans le salon, installée dans un fauteuil, notre jolie brune était pliée en deux de douleur. Putain... Elle détestait, elle HAÏSSAIT avoir ses règles. A chaque fois... A chaque PUTAIN de fois, c'était le même chose. Elle était obligée de rester clouée à la maison jusqu'à ce que ça passe. Il faut dire, ce n'était même pas la peine qu'elle tente de faire un pas à l'extérieur. Déjà que, enfermée chez elle, elle grelottait de froid, enroulée sous un amas de couverture, s'aventurer dehors c'était même pas la peine d'y penser. Et c'était sans même parler d'essayer de se lever sans aide. Elle en serait bien incapable. Elle était obligée de se tenir à quelque chose si elle ne voulait pas s'étaler lamentablement. Et tout ça à cause de quoi ? A cause d'une putain d'anémie de merde ! Raaaaah, c'était rageant ! Ca lui donnait envie de taper sur quelqu'un ! Sauf que, hé, surprise, elle n'avait personne sous la main. Ce qui la mettait encore plus de mauvaise humeur, soit dit en passant. Quant à s'adonner à son activité créative préférée, ce n'était même pas la peine d'y penser. Faire du savon nécessitait de se tenir proche d'une source de chaleur, et si ça lui aurait fait du bien, elle savait que rapidement ça serait devenu un enfer pour elle. Laissant échapper un grognement, la jeune femme observa l'horloge non loin. Dire qu'il était à peine quatorze heure... P'tain... Si ça ne s'arrêtait pas demain, elle allait devoir passer à l'hôpital pour qu'on la transfuse. Encore. Elle en avait marre que ça fasse ça tous les mois. Le seul avantage, c'était qu'elle n'avait pas à voir les crétins du lycée. Parce que oui, c'était définitivement des idiots. Non parce qu'elle se savait intelligente (quoiqu'elle trouvait le concept de l'intelligence particulièrement subjectif, et admirait la réflexion d'Einstein à ce sujet), mais là... Elle avait encore plus l'impression que d'habitude d'être entourée de crétins. Et ça l'énervait profondément. A croire que toute forme d'intelligence supérieure ne pouvait survivre au delà d'une certaine température (ou au delà des mers, plus simplement, mais ça n'expliquerait pas le médiocrité de ses anciens camarades britanniques). Bon. Ca n'était pas important, il valait mieux qu'elle reste calme. Et...
Clac.
Tiens. Anaëlle fronça les sourcils. Sa mère serait rentrée ? Ou bien son père ? Bizarre. Normalement, à cette heure-ci, ils devaient encore être en train de travailler. Se retournant vers l'entrée, la jeune femme observa le nouvel arrivant qui se trouvait en contre-jour, de la lumière provenant de la porte et des environs. Elle-même se terrait dans le noir dès qu'elle se retrouvait dans cet état. Ca lui évitait d'avoir à affronter l'extérieur même indirectement. Ce qui d'ailleurs, par la suite, provoquerait sans doute bien plus de rumeurs à son sujet qu'elle ne le pensait. Mais ça... Elle s'en fichait éperdument. Ceci dit, pour en revenir au nouvel arrivant, les yeux de la belle s'écarquillèrent en voyant de qui il s'agissait. C'était...
« Timmy ! »
Anaëlle se redressa soudainement, bondit sur ses jambes d'un geste, se débarrassant de ses couverture. Elle courut alors jusqu'à son frère et... se ramassa lamentablement au bout de deux mètres. Bravo Ana, joli. Vraiment... Là, j'applaudis. Elle maudit la faiblesse musculaire provoquée par sa maladie, s'appuyant sur ses avant-bras pour commencer à se redresser, jusqu'à ce que son frère s'approche pour l'y aider, la soulevant presque sans difficulté. En voilà un qui avait hérité de la force de son père. Le chanceux. Au moins, il n'avait pas l'air constamment malade. Enfin, elle pu tomber littéralement dans ses bras, le serrant de sa force de mouche contre elle, heureuse de le retrouver. Ca faisait du bien de le voir à nouveau ! Et puis il avait l'air en forme. Beaucoup plus que la dernière fois qu'elle l'avait vu, trois mois plus tôt, alors qu'il entrait en clinique. « Hey An' ! Alors, on tient plus debout ? - J'crois que c'est de revoir ta tronche de cake, ça m'a trop fait un choc ! » dit-elle alors qu'un sourire naît sur ses lèvres. « - Genre ! Je sais que j't'ai trop manqué, espèce de patate. - Tssss... J'vois pas de quoi tu parles. »
Bon sang, ça faisait un bien fou à Anaëlle de revoir Timmy. Il lui avait tellement manqué...
Timothy Marshall était le frère d'Anaëlle. De deux ans son aîné, ils étaient particulièrement proches, et le jeune homme s'était toujours fait un devoir de protéger sa cadette. Une mission qu'il avait toujours mené à bien jusque récemment. Il avait en effet dû quitter la famille durant les trois derniers mois, pour se rendre dans une clinique.
Ils allèrent s'installer sur le canapé, alors que le jeune homme abandonnait ses sacs dans l'entrée. Une fois bien installés, la brune venant s'appuyer contre son aîné qui passa un bras protecteur autour d'elle, ils purent entamer une discussion tranquillement.
« Alors... Ca c'est bien passé, les derniers mois ? - Ouais, c'était sympa. Tu sais, les groupes de parole pour raconter ce qui nous a poussé à faire tout ça, les éduc' qui nous prennent pour des cons... » Le ton employé est ironique. Ce qui fit sourire Anaëlle, quand bien même le sujet ne s'y prêtait pas vraiment. « A croire qu'avoir tenté de te suicider fait de toi le plus gros crétin du monde. Mais y'avait quand même des gens sympa. Alors ça compense un peu. Et mine de rien, j'ai pu me ressourcer quand même. - C'est ce qui compte. Si tu vas mieux... » Elle vint se resserrer contre lui.
Anaëlle se rappelait de la peur qu'elle avait eu, trois mois plus tôt.
Elle se souvenait parfaitement de la frayeur qu'elle avait eu, de son cœur cognant contre sa poitrine, se serrant si fort qu'elle avait l'impression que quelqu'un s'amusait à le broyer. Elle se souvenait aussi parfaitement de la peur qui avait pris d'assaut ses entrailles à la vue du sang dans la salle de bain. Elle se souvenait tout aussi parfaitement de sa gorge qui s'était serré alors qu'aucun son ne parvenait plus à en sortir, son cri se bloquant dans ses poumons.
Sur le coup, l'adrénaline était montée si vite qu'elle était parvenue à se contrôler, à rester logique et efficace. Elle se rappelait avoir fouillé dans ses poches pour prendre son téléphone, appeler les secours. Et puis le sortir de la baignoire, pour essayer d'arrêter le saignement, même sommairement. Elle était tombée, ce jour là, en le faisant. Il faut dire, son frère devait peser presque le double de son poids. Et elle n'était déjà pas bien forte... Elle avait bien sûr essayé de ne pas penser à ce qu'elle voyait. Au liquide rouge qui coulait le long des bras de Timothy, à l'eau qui ruisselait du corps inanimé. Elle avait pris une serviette dans le placard, pour ça. Et une deuxième, laissant des traces sanglantes sur la porte blanche, tranchantes sur cette couleur, mais sans plus s'en soucier. Et alors qu'elle essayait d'arrêter l'écoulement, elle avait commencé à parler, à murmurer des choses, des mots, des phrases, tel des incantations. Au point qu'elle aurait pu vous redire exactement ce qu'elle avait alors énoncé. Les supplications, de sa voix tremblantes, blanche, aussi pâle qu'elle l'était alors, bien plus encore que la mort elle-même. Elle avait supplié Tim de ne pas mourir, et s'était ensuite tournée vers un Dieu auquel elle ne croyait même pas, en bonne cartésienne qu'elle était. Elle avait prié pour qu'il ne lui soit pas enlevé, maudissant les urgences de ne pas arriver plus vite. Mais c'était à peine si elle avait alors eu conscience de prononcer ces mots, à vrai dire.
Et lorsqu'ils étaient arrivés... Elle n'était même plus sûre que le jeune homme soit encore vivant, alors que son sang se répandait sur le sol. Elle s'était éloignée. Sous le choc. Elle les avait regardé agir, faire ce qu'ils avaient à faire pour qu'il puisse survivre assez longtemps. Le temps qu'il puisse arriver jusqu'à l'hôpital. Et après ? Elle ne savait pas. Tout se mélangeait dans son cerveau, tout semblait s'arrêter de fonctionner, alors qu'elle commençait à trembler. Elle sentait le bourdonnement sourd de son propre sang à ses tempes. Elle regardait la scène, horrifiée.
Ils l'emmenèrent finalement. Et elle restait ici. Elle devait prévenir ses parents. Elle devait...
Ils franchirent la porte de l'appartement. Elle les suivit. Elle n'arrivait pas à détacher son regard de son frère à cet instant. Ils arrivèrent sur place, et elle dut le laisser. Elle ne pouvait rien faire pour le moment. A part prévenir ses parents. Ce qu'elle fit. Toujours avec un sang-froid extérieur, tendu, qui contrastait horriblement avec son état intérieur. Elle était sous le choc. C'était normal. Lorsque ses parents arrivèrent, ils demandèrent ce qu'il s'était passé. Elle leur résuma la situation. Ils la prirent dans leur bras, sans plus se soucier du sang qui maculait alors les vêtements de leur fille, ainsi que ses mains. Finalement, les médecins vinrent leur annoncer que Tim était hors de danger. Recousu, transfusé, ils étaient intervenus juste à temps, et si Anaëlle ne l'avait pas trouvé... Il serait mort à ce moment là. Il leur annonça qu'il ne se réveillerait pas avant demain matin, aussi qu'il passerait la nuit ici, et qu'ils pouvaient rentrer, tous les trois, se reposer. Ce qu'ils firent. Ils regagnèrent leur appartement. La mère des deux adolescents nettoya la salle de bain et la porte de l'entrée, où du sang subsistait. La brune l'y aida, alors que son esprit ne semblait pas encore tout là. Il était resté dans la salle de bain, endroit où elle se trouvait alors. Mais quelques heures plus tôt. Et elle revoyait tout ce qu'il s'était passé. Son retour à la maison plus tôt, parce qu'elle séchait encore les cours, pour passer du temps avec Kathleen. La porte de l'appartement, qui n'était pas verrouillé, et son froncement de sourcil en le remarquant. Les chaussures de Tim, dans l'entrée. Lui, introuvable. Elle qui entrait finalement dans la salle de bain. Et le sang, le rouge, le blanc, le flou. Puis plus rien, et tout à la fois. Les barrières cédèrent.
Elle était dans sa chambre, recroquevillée contre la porte. Elle n'aurait pas su dire comment elle était revenue ici. Elle avait une serviette autour de la nuque, et les cheveux humides. Et elle sanglotait. Et elle ne savait pas comment elle en était arrivée là. Et comment lui, surtout, en était arrivé là. Ses larmes roulaient sur ses joues. Et elle n'aurait pas su dire pourquoi. Elle baissa la tête entre ses genoux remontés contre elle, et passa ses mains à l'arrière de son crâne. Elle ne savait pas. Elle ne savait plus.
Pourtant, paradoxalement, le souvenir était là, intact. Bulle intangible de l'inexplicable.
« A quoi tu penses, An' ? - A rien, Tim'. - Ah, c'est bien, au moins il y a des choses qui ne changent pas ! » Prenant un air outré, Anaëlle se redressa et donna un coup de poing dans l'abdomen de son frère. « Han ! Comment tu oses ! Tu vas voir, tu vas finir avec mon poing dans tes fondements et du verre pilé ! Tu vas rien comprendre à la vie ! » Non mais. D'où il se permettait l'autre ? Un rire s'échappa des lèvres du jeune homme, rapidement suivit par Anaëlle. J'avais déjà signalé à quel point elle était heureuse de le retrouver ?
***
Il se tenait là tranquillement, avec ses autres congénère. Il avait enfin pu partir en vacance, et autour de lui tout était magnifique. Ce paysage aux teintes d'un bleu ciel magnifique, la chaleur du soleil matinal contre son grain... Non vraiment, l'endroit était fabuleux. Et puis le cauchemar avait commencé, quand cet espèce de liquide blanchâtre lui avait coulé dessus, commençant à monter doucement, lui noyant le bas du corps, puis s'arrêtant juste à temps. Ouf, il ne mourrait pas noyer. Mais c'était sans compter sur cet espace de grosse chose grise qui se dirigea vers lui, venant le saisir par en dessous pour l'emmener il ne savait où. Ca ressemblait de plus en plus à un de ces film d'horreur, et il ne savait pas quoi faire, hurlant alors qu'on le faisait entrer dans une caverne étrange, pour le broyer finalement sous des gros rochers blancs. Paix à ton âme petit céréal. Tu viens de finir dans la bouche d'Anaëlle. Anaëlle était en train de prendre son petit déjeuner bien tranquillement, dans la cuisine. Enfin, tranquillement... Sa mère et son frère étaient en train de discuter à côté, il y avait donc plus calme comme environnement, mais il y avait pire aussi. Il aurait pu y avoir son père. Mais bien heureusement, l'homme était déjà parti au travail. Déjà qu'il était resté toute la journée d'hier à la maison, pour soutenir le retour de Tim dans la famille, alors si en plus maintenant il ne partait plus aussi tôt qu'avant... Où irait le monde, hein ? Ceci dit, elle écoute d'une oreille la conversation qui se déroule sous ses yeux. Ca parle de la nouvelle école. Sa mère le prévient que le niveau scolaire risque d'être un peu plus faible que celui où lui et Anaëlle étaient avant, ce que la jeune femme confirme d'un hochement de tête. Ooooh oui, horriblement plus faible. Elle avait l'impression d'être retournée au collège, alors même que sa mère avait profité du changement de pays et d'école pour la faire entrer directement en dernière année. Bon, il faut dire, au collège, la jeune femme avait déjà un niveau lycée, il était donc probable que par extension le continuité de son propre apprentissage y soit pour quelque chose. Plongeant à nouveau sa cuillère dans son bol, pour la ramener pleine à sa bouche, son mouvement se stoppe lorsque sa mère se tourne vers elle.
« Au fait, Anaëlle... Ca fait déjà une semaine que tu es au lycée. Tu as pu te faire des amis ? » La jeune femme pose un regard morne sur sa mère. Et alors qu'elle engouffre sa cuiller dans son bol, elle répond. « Trop de crétins. » Et hop, elle enfourne les pauvres victimes de son petit déjeuner dans sa bouche. « Pas de fille qui te plaise, non plus ? » Anaëlle s'arrêta un instant et pris le temps de réfléchir. Une fille qui lui plaise... Hum... Il y avait quelques personnes qui sortaient bien du lot, mais il fallait avouer qu'elle n'y avait pas prêté plus d'attention que ça. Et non, regarder les gens en bavant à moitié sur ses cours n'entre pas en ligne de compte. Crunch crunch crucnh. « Non, pas vraiment. - Et tu n'es pas restée en contact avec cette... Comment s'appelait-elle déjà ? - Kathleen ? » Sa mère hoche la tête. « Nope. » Anaëlle hausse les épaules. Ce n'était pas bien grave. Ca devait faire plus d'un mois qu'elle n'avait plus de nouvelles. Elles avaient coupé les ponts le jour où la famille avait quitté l'Ecosse. Ou tout du moins quelques jours avant. Elle se souvenait parfaitement de leur dernier rendez-vous, du goût amer de leurs baisers qui sonnaient comme un adieu. Et c'en était un, elle le savait parfaitement. D'ailleurs, elle en avait parlé avec Timothy, le lendemain. Et ça aussi elle s'en souvenait parfaitement.
« Soooo... Comment ça s'est passé ? »
Anaëlle resta silencieuse un instant, les sourcils froncés tout en regardant vers le sol. Elle réfléchissait visiblement à une réponse à apporter à la question. Elle passa une main dans ses cheveux, avant de lâcher un soupir.
« Bien, je suppose. » Elle resta silencieuse un instant, avant de relever son regard vers son frère. Ils avançaient tranquillement dans le parc de la pension où il vivait en ce moment. Ca faisait déjà trois mois depuis sa tentative de suicide, et s'il allait visiblement beaucoup mieux, Anaëlle pour sa part avait un peu plus de mal à s'en remettre. Surtout que la famille s'envolait demain pour les Etats-Unis. Et dans trois semaines, Timothy les rejoindrait. Elle lâcha un soupir, et leva les mains en signe d'impuissance. « Je veux dire... C'était génial, on a passé la journée ensemble, et on s'est bien amusées. Mais... Je ne sais pas. J'ai l'impression que ça sonne terriblement faux. C'est comme si on avait fait semblant, tout le temps et... Ce matin j'avais plus l'impression de lui dire adieu que de vraiment simplement quitter son appartement. »
Il regarde le ciel un instant, les yeux plissés à cause de la lumière du soleil. Ils n'avaient pas l'habitude d'en voir autant, c'était vraiment une belle journée. Les oiseaux chantaient depuis les arbres du parc, et le vent agitait les feuilles. Il ne faisait pas chaud, mais pas froid non plus pour la saison.
« Peut-être que c'était ça, tu sais ? Des adieux. Demain tu seras à l'aéroport pour partir aux Etats-Unis jusqu'à ce que tu puisses t'assumer. Et ensuite, si tu reviens ici... même si vous vous revoyez, vous aurez changé. Et la vie aura continué. - Je sais. Je sais... »
Le cœur d'Anaëlle se serra dans sa poitrine. Elle n'était pas quelqu'un de particulièrement sentimentale, loin de là même. Elle était de ces personnes qui ne croyaient pas à l'amour. Et pourtant... Ca lui faisait mal, en cet instant. Elle baissa à nouveau le regard vers le sol, les bras croisés sur sa poitrine.
« Je devrais peut-être demander aux parents de partir en même temps que toi. Je pourrais aller vivre chez Kirk, pendant ce temps. Et puis comme ça tu ne serais pas tout seul. Et je pourrais toujours la voir. »
C'était son tour de pousser un soupir. Il passa sa main dans les cheveux de sa sœur en les ébouriffant un peu, celle-ci protestant comme elle le pouvait. Elle savait que son idée était ridicule, et que ça ne servirait à rien. Même comme ça, ça n'empêcherait pas la distance qui arriverait par la suite de tuer leur relation et... Elle ne savait pas quoi faire. Une fois libérée de l'emprise de son frère, et leurs rires de grands enfants calmés, ils purent revenir à une discussion. Ils s'installèrent sur un banc, non loin de l'entrée de la pension, observant les gens qui passaient. Anaëlle ramena ses jambes à elle et posa sa tête sur ses genoux. Son frère était assis, les bras écartés sur le dossier du banc et les jambes étendues loin devant lui.
« Ce n'est qu'un mauvais moment à passer, Anaëlle. Et... je suis juste désolé. » Il baisse la tête à son tour, alors que l'adolescente fronce les sourcils sans comprendre. Alors il s'explique. « Si je n'avais pas déconné comme ça, tu n'aurais pas à souffrir. »
Un silence pesant s'installa entre eux. Puis finalement elle vint taper de son poing contre son épaule, et lui fit un sourire.
« Hé, c'est rien. Je ne souffre pas. Je suis juste un peu déçue. Et puis ce n'est pas de ta faute. Un jour ou l'autre, elle et moi on en aurait fini. »
Ces mots sonnent horriblement mal, et l'un comme l'autre savent que ce n'est qu'un doux mensonge pour se rassurer. Parce que si ce n'était pas de la souffrance qu'elle ressentait, elle n'aurait pas cette boule dans sa gorge, et son cœur si meurtri dans sa poitrine. Non, elle s'en ficherait. Comme elle a l'habitude de se ficher de tout. Mais sur l'instant, elle n'avait pas envie de peser sur les épaules de son frère. Nouveau silence.
Celui-ci est brisé par l'arrivée d'une femme bien habillée, qui s'arrête face à eux. Un dossier entre les mains, elle le passe sous son bras, serre ses mains entre elle et se penche un peu en avant avec un sourire. « Mr. Marshall. C'est à votre tour. Vous pouvez venir. Votre sœur peut attendre ici la fin de la séance, si elle veut, nous n'en avons pas pour très longtemps. - On se retrouve tout à l'heure, Anaëlle ? »
Elle lui répond d'un simple hochement de tête, et la dame s'éloigne avec son frère, alors qu'elle reste ici. Elle observe les autres patients qui passent devant elle, et finit par fermer les yeux un instant. Puis elle pousse un soupir, et jette doucement sa tête en arrière, pour regarder le ciel dont la couleur fait écho à celle de ses yeux.
Elle poussa un soupir, et se leva, allant reposer son bol dans l'évier. Il était temps d'aller en cours. Elle donna une tape dans le dos de son frère et lui adressa un mince sourire, pour lui indiquer qu'il était l'heure.
***
« Anaëlle, il faut qu'on parle. » L'adolescente leva les yeux de son livre et observa sa mère dans l'encadrement de la porte. La femme se tenait droite, les mains liées devant elle. Un haussement de sourcil interrogatif vint lui répondre, et elle prit ça comme une invitation à entrer dans la chambre de sa fille. Il était rare que la mère mette les pieds dans les chambres de ses enfants, considérant qu'il s'agissait là de leur espace privé qu'elle n'avait en aucun cas le droit de violer, quand bien même elle adorerait pouvoir aller mettre de l'ordre dans celle de son fils. Et c'était encore plus vrai qu'elle savait parfaitement que sa fille supportait mal qu'on touche à ses affaires. Car tout avait un ordre bien particulier ici, et le déranger reviendrait à s'attirer les foudres de la jeune femme. Parce que si jamais elle voyait qu'un objet n'était pas à sa place, et croyez-moi qu'elle le verrait, elle piquerait une crise, parce qu'ici, chaque chose avait sa place, et la déranger était comme commettre le pire des blasphèmes à ses yeux. Et puis bon, Deirdre n'avait pas réellement besoin de venir ranger ici, donc ça n'était pas gênant. Ce qui l'était un peu plus c'était quand Anaëlle décidait de s'étaler dans le reste de la maison pour faire des expériences parfois un peu douteuses. Mais c'était encore une autre histoire. Mais aujourd'hui, c'était une toute autre histoire qui allait nous intéresser. La femme vint donc s'installer sur le bord du lit de sa fille, celle-ci y étant actuellement assise également, appuyée contre ses coussins contre le mur afin d'avoir un appui stable. Se redressant, elle savait parfaitement que tout ça n'annonçait rien de bon. Pourtant elle n'avait rien fait, pour une fois, alors quoi ? « Ana, les voisins se sont encore plaints de ton comportement. Et ils menacent de nous faire un procès si on ne trouve pas un moyen de mieux te contrôler. » Ah, c'était donc ça. Bon, d'accord, dire au gamin des voisins que s'il continuait d'envoyer son ballon dans leur jardin elle allait prendre un malin plaisir à l'écarteler pour ensuite se servir de ses membres pour lui taper sur le crâne en espérant y faire entrer un peu d'intelligence n'était pas forcément la meilleure des idées. Surtout en précisant qu'elle utiliserait ses boyaux pour attacher les dits membres. Le tout avec un calme imperturbable, en regardant le gosse dans les yeux en prenant une voix des plus douces. Elle se contenta donc de hausser un sourcil en replongeant son nez dans sa lecture, répondant à sa mère derrière les pages couvertes d'encre. « Dis leur que tu en as trouvé un, je sais pas moi, que vous m'avez envoyé chez un psy et que ça va aller mieux bientôt. Quand je serais partie pour le MIT par exemple. Mais c'est juste un exemple. » Sa mère poussa un soupir consternée. Oui, c'était une solution, mais ce n'était pas forcément la bonne. « Listen, sweetheart... Tu ne pourras pas toujours te comporter comme tu le fais. Tu ne peux pas t'amuser à effrayer le voisinage comme ça, aussi agaçant soit-il. - J'aimerai qu'ils arrêtent de m'effrayer avec leur stupidité, ce n'est pas pour autant que je leur pourris la vie en leur demandant de changer. On ne peut pas toujours avoir ce qu'on veut. - En effet, on ne peut pas toujours avoir ce qu'on veut, c'est pour ça que ton père et moi avons pris un rendez-vous chez une psychologue pour toi. » La jeune femme resta interdite un instant, relevant les yeux vers sa génitrice qui ne méritait visiblement plus à ses yeux le nom de mère. « C'est une blague ? - Tu as le choix entre ça et le pensionnat. »
Il y eu un instant de flottement, puis Anaëlle prit une inspiration. « Je préfère le pensionnat. »
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Sujet: Re: Anaëlle Marshall ~ "La vraie morale se moque de la morale." Jeu 12 Sep - 20:25
Rebienvenue!
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Sujet: Re: Anaëlle Marshall ~ "La vraie morale se moque de la morale." Jeu 12 Sep - 23:42
Je viens de finir l'histoire, qui est juste... juste... magnifique *^* T'as un super style d'écriture, vraiment <3 Je pré-valide, j'attends qu'un admin vienne valider également o/ (C'est pas comme si y'en avait pas sur la cb (a))
Hoshi Sagawa
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Sujet: Re: Anaëlle Marshall ~ "La vraie morale se moque de la morale." Jeu 12 Sep - 23:50
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Sujet: Re: Anaëlle Marshall ~ "La vraie morale se moque de la morale."
Anaëlle Marshall ~ "La vraie morale se moque de la morale."
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